Le chemin spirituel n’est pas de tout repos. Mais contrairement à ce que l’on peut croire, sa voie ne se prend pas en solitaire… ni accompagné… Elle est nourrit par l’autre. Peu importe si cela est positif ou négatif, les expériences sociales sont un carburant nécessaire pour avancer sur le chemin de la vie.
Si vous pensez à sauver votre couple, c’est que pour vous il est en danger. En cela, vous savez que tout ne dépend que de vous. On va vous dire que l’autre a aussi une part prépondérante mais c’est faux. Il y en a un qui veut toujours plus que l’autre ou qui en a davantage conscience. En général, les personnes qui cherchent des solutions pour sauver leur couple ont été trahies. Il convient alors de faire le deuil de certaines valeurs mariales pour avancer…
Dans un couple, par delà l’amour, l’affection, l’amitié, il y a quelque chose qui dépasse tout et qui s’imprime plus profondément de jour en jour : le temps.
Si l’on ne prend pas de recul, inconsciemment notre compagne ou compagnon est comme un poison visuel distillé au quotidien, il ne fait que nous rappeler l’urgence du temps qui passe. Changement de coupe de cheveux, prise de poids, rides, maladies… L’autre est le miroir des actes manqués que l’on ne rattrape pas, une fatalité. Il nous renvoie nos propres échecs et notre incapacité à trouver un sens à notre existence. Construire un foyer, voyager, faire l’amour, faire des enfants, rire, profiter, l’imagerie cinématographique, Walt Disney… Tout est beau quand on y pense et pourtant… il peut demeurer un vide intérieur que l’on ne comprend pas… Et cette incompréhension désynchronise le couple.
L’autre devient alors la cause de tous nos maux.
Je veux être aimé tel que je suis !
Cette phrase est la justification ultime, lancé à vau-l’eau comme un slogan logique à la vie amoureuse. Pourtant, il ne l’est absolument pas. « J’aimerai l’autre tel qu’il est » devrait être la seule motivation à l’amour vrai.
Un couple n’est pas là pour réparer nos blessures d’enfance, l’autre n’est pas un père ou une mère, il est le témoin de notre existence, celui qui prouve que vous êtes vivant, unique.
L’herbe est toujours plus verte ailleurs, un regard nouveau fascine, un corps nouveau est désirable… Mais ces notions ne s’impriment que dans le temps présent, un fantasme de plus. La question n’est pas de savoir si les espoirs mis dans l’autre vont se réaliser mais comment ils vont se réaliser. Et en cela, seul le temps a la réponse. Ce temps qui dégrade tout, qui altère notre jugement, qui nous presse…
Nous vivons dans un monde qui a décidé de s’affranchir du couple, de la notion même de famille, de tribu. Est-ce un bien ou un mal ? Je ne sais pas… mais garder l’indépendance d’esprit sans influence extérieure devrait être la seule certitude. Et c’est le plus dur…
Génération kleenex, nouveaux moyens de faire des rencontres, publicités, amis célibataires affranchis des impératifs du couple, tout nous pousse à croire que ce personnage idéal sorti d’une série tv débarquera un jour dans notre vie et nous aimera passionnément. C’est faux.
Lorsque l’on est en couple et que l’on est tenté de partir pour une autre personne, ne pensez pas que celle-ci est le nouveau messie qui vous rendra heureux. L’autre est plus souvent attirer par votre couple en lui même, un défi à relever. N’avez-vous jamais remarqué que vous avez toujours plus de succès lorsque vous êtes en couple ? Cette femme ou cet homme pour qui vous partez, vous aurait-il accepté si vous aviez été seul ? La notion de prédation, n’est jamais à exclure. Elle n’est pas toujours consciente évidemment.
Aimer ce n’est pas se regarder l’un et l’autre mais regarder dans la même direction… différemment
Personne n’a les mêmes idéaux, l’autre est différent de nature et même si vous pensez qu’il pense comme vous, son passé, son vécu, sa propre sensibilité ne seront jamais les même que les vôtres. L’unicité pure n’existe pas. Vous naissez seul et mourrez seul. Entre les deux, il y a la puissance de la vie, son rythme, son présent renouvelé. Tout passe, l’avenir n’arrive jamais, installé définitivement dans un mirage que vous façonnez au jour le jour. Il se rétréci, s’étend, se confond avec la croyance. Seul le temps présent est vrai.
Sans admettre cela, nous nous privons d’une part visible très importante.
Beaucoup vont puiser leur spiritualité dans des cultures différentes : Bouddhisme, Hindouisme etc… en tentant d’incorporer leurs principes à leur propre conception. Cependant, le conditionnement occidental dans lequel nous avons grandi ne peut échapper à notre façon de voir les choses. Ajouter « namasté » à votre chant lexical ne changera pas la personne que vous êtes. Vous serez sans doute apaisé, mais l’autre… celui qui vous a vu vous débattre, pleurer, rire, espérer, que cela lui apporte-t-il ? Vous êtes plus flexible ? Vous pardonnez plus facilement ses défauts car vous avez fait un travail sur vous même ? C’est très bien, mais cela ne concerne que vous. Vous comprenez la nuance ?
Parler avec lui, faites ce que vous avez rêvé de faire seul, indépendantisez-vous, souriez-lui, ne le laissez pas sur le bord de la route. Ne pensez pas à l’amour. Y penser, ce n’est pas le vivre. Faites des choses, n’en rajoutez pas des tonnes, agissez pour vous et comme une spirale positive, emportez l’autre dans votre sillage. Il n’y a que les actes qui vous sauveront.
Si votre compagnon n’aime pas sortir, parlez lui de vos sorties, partagez. Ne jugez pas sa façon de voir le monde, respectez-là. Modifiez vos réflexes psychologiques.
L’éveil spirituel, ce n’est pas parler à son ange gardien, trouver la sérénité en méditant, ouvrir ses chakras. Toutes ces choses, ne sont que des étapes dans lesquelles nous pouvons nous arrêter avant de reprendre la route. Le véritable éveil pour ma part est de pouvoir changer son monde et insuffler notre quête aux gens que nous aimons. A commencer par celui ou celle qui pensait nous connaitre vraiment.
Pardonne-moi, ô mon Amour,
Si mes yeux pleins de toi ne te voient pas encore,
Si je m’éveille en ta splendeur,
Sans la comprendre, comme une fleur
S’éveille dans l’aurore;
Pardonne-moi si mes yeux aujourd’hui
Ne te distinguent de la lumière,
S’ils ne séparent ton sourire
De leurs pleurs éblouis.
Pardonne-moi, si je l’écoute
Sans t’entendre, et ne sais pas
Si c’est toi, mon amour, qui parles,
Ou mon cœur qui gémit tout bas ;
Pardonne-moi, si tes paroles
Autour de mes oreilles volent,
Comme des chants dans les airs bleus,
Ou l’aile du vent dans mes cheveux.
Pardonne-moi, si je te touche
Dans le soleil, ou si ma bouche,
En souriant, sans le savoir,
T’atteint dans la fraîcheur du soir;
Pardonne-moi, si je crois être
Près de toi-même où tu n’es pas,
Si je te cherche, lorsque peut-être
C’est toi qui reposes dans mes bras.
Charles Van Lerberghe