J’ai reçu le Petit Manuel de navigation pour l’âme de Sabrina Philippe et plutôt que de vous dire simplement de l’acheter pour vous faire votre propre idée, je m’en vais donner mon avis sur ce guide de développement personnel. Bien sûr, cette critique n’engage que moi mais j’espère qu’elle saura vous expliquer au mieux à quoi vous attendre et surtout si ce genre de publication vous convient.
Lors de la lecture des premières pages, rien de nouveau sous le soleil, l’auteur décrit un monde anxiogène, invitant les lecteurs à se regrouper sous sa bannière :
« notre société contemporaine[…] », « une vidéo sans intérêt[…] », « je ne suis pas vraiment bien dans cette ville[…] », « ce lieu n’est pas bénéfique pour vous[…] »
sont autant de termes négatifs qui agissent comme un vecteur de pensées communes ralliant à la bannière de l’auteur pour mieux vous embarquer, mais passons ce sophisme légitime car le fond et la mise en abyme sont plus profonds.
La bonne nouvelle ne tarde pas à arriver, puisque l’auteur ne tourne pas autour du pot pour vous donner des exercices (25) pour mieux vous connaitre. L’écriture étant pour elle, le meilleur moyen de donner une visibilité à ce que vous ressentez de vous-même. L’axe que prend Sabrina Philippe est intéressant car il invite à la matérialisation de la pensée intime, il faudra se faire violence, se réveiller :
« Il y a du sombre en chacun de nous, de l’ennui, du vide […] »
Non, personne n’est parfait et l’auteur ne se privera pas de vous le rappeler.
A la manière d’un carnet de bord, vous allez noter vos pensées majeures tout au long de la semaine. Au-delà des recettes miracles qui sont autant de publicités mensongères pour inciter à l’achat, ce livre de développement personnel est avant tout une histoire de transmission familiale. Et c’est cette transmission que l’auteur vous invite à cultiver en vous-même tout au long de son livre. La dédicace à son grand père marin, n’y est pas étrangère.
La notion de fluidité est très importante, l’eau et ses tumultes, le courant que l’on ne peut arrêter indique que l’auteur se sert de sa propre histoire familiale pour illustrer l’utilité de la filiation (et de sa continuité) dans son travail.
L’enfance est d’ailleurs invitée dans cette quête personnelle pour appuyer le propos de l’auteur, mais aussi le sentiment de culpabilité symbolisé par le pirate, déloger ses croyances (qui vont souvent de pair avec la société contemporaine, expliqué en début du livre).
En bref, vous êtes invité sur un océan initiatique où le port est l’ultime destination… Mais lorsque l’on a pris goût aux voyages… Nous ne serons plus jamais perdus.
Plutôt que de vous révéler l’entièreté de ce parcours au long cours, je vous invite à découvrir ce livre qui sans prétention saura vous donner quelques clés pour vous intéresser à vous même, et qu’importe que vous soyez sur un voilier ou sur un radeau, votre histoire est une épopée unique.
L’allégorie au voyage en bateau pourrait sembler facile, un effet de style pour donner un cap à cet ouvrage, mais l’évocation maritime me rappelle cette poésie de l’ami Charles qui je trouve est fort à propos et tout à fait dans le thème.
Souvent, pour s’amuser, les hommes d’équipage
Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,
Qui suivent, indolents compagnons de voyage,
Le navire glissant sur les gouffres amers.A peine les ont-ils déposés sur les planches,
Que ces rois de l’azur, maladroits et honteux,
Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches
Comme des avirons traîner à côté d’eux.Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule !
Lui, naguère si beau, qu’il est comique et laid !
L’un agace son bec avec un brûle-gueule,
L’autre mime, en boitant, l’infirme qui volait !Le Poète est semblable au prince des nuées
Qui hante la tempête et se rit de l’archer ;
Exilé sur le sol au milieu des huées,
Ses ailes de géant l’empêchent de marcher.
Trouver l’albatros en nous, le comprendre, l’apprivoiser ne serait-il pas la meilleure façon d’appréhender son vide intérieur pour mieux le combler ? Embarquez donc dans ce voyage où Sabrina Philipe en est le phare et n’hésitez pas à partager vos retours sur ce Petit Manuel de navigation pour l’âme, une fois les pieds sur terre.